Prix de thèse UGA 2020 - Stéphanie Sherpa (LECA)

Stéphanie Sherpa est lauréate du prix de thèse académique 2020 avec 7 autres docteur.e.s pour sa thèse présentée en 2019 et intitulée "Histoire de la colonisation et déterminants du succès invasif des populations du moustique tigre Aedes albopictus en Europe" (lien vers l’article).

Les prix de thèse académiques ont récompensé huit docteur.e.s dont le travail de thèse est jugé d’une qualité exceptionnelle, selon des critères d’excellence propres à chaque champ disciplinaire et représenté par les 13 écoles doctorales du site.

 

Lauréate du prix de thèse académique 2020 : Stéphanie SHERPA

Intitulé de la thèse : Histoire de la colonisation et déterminants du succès invasif des populations du moustique tigre Aedes albopictus en Europe.

Ecole doctorale : Chimie et sciences du vivant - CSV

Spécialité : Biodiversité Écologie Environnement

Laboratoire : Laboratoire d’écologie alpine - LECA (CNRS / UGA / USMB)

Directrice de thèse : Laurence DESPRES

Mots clés : invasion biologique, génétique des populations, génétique du paysage, adaptation locale, Aedes albopictus

 

La thèse porte sur l’invasion du moustique tigre en Europe. J’ai tout d’abord reconstruit les routes d’invasion afin de mieux comprendre l’importance des modalités d’introduction (nombre et origine des introductions) et des processus adaptatifs (préadaptation dans l’aire native, adaptation post-introduction dans l’aire envahie) dans le succès d’établissement des populations introduites. J’ai ensuite étudié la dynamique d’expansion à l’échelle du paysage. Pour cela, j’ai analysé les caractéristiques génétiques et morphométriques des populations invasives et de leurs sources, et comparé les caractéristiques environnementales des aires d’origine et d’introduction en me basant sur les données spatio-temporelles de détection de l’espèce.

 

Résumé
Le moustique tigre, Aedes albopictus, originaire d’Asie du Sud-Est, a colonisé l’ensemble des continents excepté l’Antarctique depuis les dernières décennies. En revanche, les raisons du succès invasif des populations à l’échelle mondiale sont encore peu connues. Nous nous sommes concentrés sur l’invasion de l’Europe, et avons combiné différentes méthodes d’analyse et des données multi-sources afin de distinguer le rôle des processus historiques et contemporains, neutres et adaptatifs, dans la structuration de la variabilité génétique des populations invasives. L’analyse de la variabilité génétique de 1000 individus appartenant à 150 populations invasives et natives a révélé trois introductions indépendantes en Europe (en Albanie, au Nord de l’Italie, et au Centre de l’Italie), à partir des Etats-Unis (aire envahie) et de la Chine (aire native). Les populations initialement introduites ont constitué des centres de dispersion en Europe et les voies de migration corrèlent avec la géographie des transports humains. Différents évènements d’admixture au moment de l’introduction ou durant l’expansion subséquente, ainsi qu’une forte connectivité des populations, ont favorisé le maintien d’une forte diversité génétique. Des adaptations au froid préexistantes dans l’aire native de l’espèce et un fort conservatisme de niche entre les populations introduites et leurs sources suggèrent que les populations introduites étaient déjà pré-adaptées pour coloniser les environnements tempérés de l’Europe. Néanmoins, des changements de fréquences alléliques le long des gradients environnementaux en Europe suggèrent également une réponse adaptative après l’introduction. Le potentiel adaptatif des populations, ainsi que la dispersion longue distance assistée par l’homme, ont favorisé l’expansion rapide en Europe. Bien que souvent négligée dans le contexte des invasions biologiques, la dispersion naturelle semble également jouer un rôle dans l’expansion des populations à l’échelle du paysage. L’étude des caractéristiques démo-génétiques des populations invasives et des caractéristiques environnementales de l’aire envahie en Europe a permis d’identifier les processus favorisant deux étapes clés du processus d’invasion : l’établissement et l’expansion.