L’écologue Sandra Lavorel reçoit la médaille d’or 2023 du CNRS
COMMUNIQUE DE PRESSE NATIONAL – PARIS – 21 SEPTEMBRE 2023
– Cette année elle distingue l’écologue CNRS Sandra Lavorel, pionnière dans la définition et l’analyse des services rendus par la biodiversité aux sociétés humaines.
– Les travaux interdisciplinaires de Sandra Lavorel viennent régulièrement éclairer les politiques d’aménagement et de gestion de la biodiversité des territoires. Ils sont sources de solutions fondées sur la nature pour faire face aux changements globaux.
La médaille d’or du CNRS, l’une des plus prestigieuses récompenses scientifiques françaises, distingue cette année l’écologue Sandra Lavorel. Spécialiste du fonctionnement des écosystèmes, cette chercheuse du CNRS depuis 30 ans a mis en évidence les contributions de la biodiversité à la vie humaine et révélé les impacts sociétaux et économiques de ses altérations par les changements environnementaux. Elle œuvre régulièrement à mettre son expertise en appui aux politiques publiques. La médaille d’or du CNRS ainsi qu’une dotation de 50 000 euros de la part de la Fondation CNRS lui seront remises le 20 décembre 2023 lors d’une cérémonie à la Maison de la Chimie à Paris.
Née en 1965 à Lyon et entrée au CNRS en 1994, Sandra Lavorel est membre de l’Académie des sciences depuis 2013. Spécialiste du fonctionnement et de la dynamique des écosystèmes, Sandra Lavorel est pionnière dans la définition et l’analyse des services qu’ils rendent aux sociétés humaines. Elle a ainsi montré que l’altération de la biodiversité et des écosystèmes due aux changements globaux a des impacts sociétaux et économiques quantifiables. L’ensemble de ses travaux viennent régulièrement éclairer les politiques d’aménagement et de gestion de la biodiversité des territoires.
Pour Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, « Sandra Lavorel mène des recherches qui œuvrent à une meilleure compréhension des enjeux environnementaux contemporains et à venir. Elles permettent d’appréhender le fonctionnement et les dynamiques des écosystèmes en réponse aux changements planétaires auxquels nous sommes confrontés. En lui décernant la Médaille d’or 2023, le CNRS souhaite rendre hommage au parcours exceptionnel de cette éminente écologue française. Sa renommée internationale et son engagement pour apporter son expertise scientifique en appui aux décisions publiques constituent autant de témoignages de l’excellence qui jalonne son parcours. »
Après des études à l’Institut national agronomique Paris-Grignon, Sandra Lavorel obtient un doctorat en écologie et sciences de l’évolution à l’Université des sciences et techniques du Languedoc, Montpellier 2 [1] avant d’effectuer un post-doctorat à l’Université nationale australienne. De retour en France, elle intègre en 1994 le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive [2] de Montpellier avant de rejoindre en 2003 le Laboratoire d’écologie alpine (CNRS/Université Grenoble Alpes/Université Savoie Mont Blanc), où elle mène aujourd’hui encore ses recherches. En 2020 elle effectue un détachement de deux ans au Manaaki Whenua Landcare Research en Nouvelle-Zélande, institut de recherche duquel elle est depuis chercheuse associée.
Au cours de sa carrière Sandra Lavorel a montré que les changements climatiques et d’usage des sols affectent la morphologie et la physiologie des plantes, et comment ces adaptations ont des effets sur les écosystèmes auxquels elles appartiennent. Ces travaux pionniers ont posé les fondements de nouveaux axes de recherche sur la dynamique de la biodiversité et des écosystèmes. Ils permettent notamment d’élaborer des scénarios d’évolution des paysages particulièrement utiles aux politiques d’aménagement et de gestion de la biodiversité. Ses recherches interdisciplinaires ont aussi contribué au développement du concept de contribution de la nature à l’adaptation sociale, une nouvelle manière d’explorer les solutions fondées sur la nature pour faire face aux changements globaux.
Actrice majeure de sa discipline, Sandra Lavorel est faite officier de l’ordre national du Mérite en 2016 et officier de la Légion d’honneur en 2022. En 2020 elle reçoit la plus haute distinction de la British Ecological Society en étant nommée membre honoraire. La même année elle devient membre étrangère de la National Academy of Sciences des États-Unis. Sa carrière est également marquée par plusieurs récompenses remarquables. Parmi d’autres, le prix Ramon Margalef d’écologie décerné en 2020 par la Généralité de Catalogne et le Prix Frontiers of Knowledge Award de la Fondation BBVA dans la catégorie écologie et conservation de la biodiversité en 2021.
Son expertise lui a valu d’être impliquée dans différentes instances d’évaluation nationales et internationales. De 2018 à 2022, elle été membre du comité interdisciplinaire d’experts de l’IPBES [3], la plateforme internationale de référence sur la biodiversité (comme l’est le GIEC sur le climat). Dans ce cadre elle a co-édité le rapport GIECC-IPBES sur la biodiversité et le changement climatique paru en 2021. Elle participe actuellement à l’évaluation Nexus sur les liens d’interdépendance entre la biodiversité, l’eau, l’alimentation, la santé et le climat de l’IPBES.
[1] Aujourd’hui AgroParisTech et Université de Montpellier
[2] CNRS/EPHE – PSL/IRD/Université de Montpellier
[3] Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques ou Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services