In memoriam Marc Ohlmann

Marc Ohlmann (1992-2023)

 

C’est avec une immense tristesse que nous apprenons le décès de notre jeune collègue et ami, Marc Ohlmann, emporté par le mauvais sort en face Nord du Dôme des Ecrins, ce dernier samedi 17 juin 2023. Le choc et la douleur sont immenses tellement Marc était un collègue brillant et drôle, qui nous impressionnait tous par son caractère de penseur libre et original.

Marc avait réalisé sa thèse au sein du LECA, où il avait brillamment développé des méthodes mathématiques innovantes pour l’étude de la biodiversité à partir de données d’ADN environnemental. A ce titre, Marc était devenu un véritable pilier de la récolte et de l’analyse des données issues de l’ambitieux projet de recherche nommé Orchamp, visant à décrire la diversité et le fonctionnement des écosystèmes alpins. La qualité de sa réflexion était un atout ineffable pour son groupe de travail au sein duquel un grand nombre recherchait sa collaboration. Son approche de la recherche était guidée par une pure quête de savoir et par des connaissances innombrables qu’il puisait dans de multiples lectures. Depuis son retour en post-doc au laboratoire, beaucoup d’entre nous étions convaincus qu’il était promis à un bel avenir scientifique.

Par dessus tout, Marc était une personne charmante et appréciée de tous. Sa propension débordante à la réverie et à la poésie venait compléter son grand esprit rationnel, ce qui faisait de lui une personne riche et fascinante, dont la permière rencontre était toujours un évènement marquant. Son surnom de « Chouchou » au sein du labo témoignait sans aucun doute de l’immense affection qui l’entourait. Ses multiples maladresses, comme sa manipulation hasardeuse d’une cafetière bouillante autour d’une table bondée, ou sa gestion approximative de l’espace collectif aux relais d’escalade le rendaient résolument humain.

Nos plus tendres pensées vont bien évidemment à sa compagne Magali, avec qui il formait un couple magnifiquement complice, et bien sur à sa famille à qui nous adressons nos plus sincères condoléances.

Notre seul maîgre réconfort est que Marc aura disparu en haute montagne, dans un environnement qu’il aimait passionnément. Comme dernière preuve de son esprit pur et vivant, Chouchou nous a laissé un Haïku, négligemment écrit sur un bout de papier, et qui résonnera à jamais dans les accores de granite du pays des Ecrins :

Neige et sang mêlés,
Par l’ange des soleils cruels,
Va, printemps d’hiver.